ET SI MON "POINT DE VUE" SUR CES LIEUX LOINTAINS OU PROCHES, CONNUS OU IGNORES, ANCIENS OU CONTEMPORAINS, POUVAIT VOUS SURPRENDRE, VOUS INTERESSER , VOUS RETENIR ! ILS M'ONT ATTIREE ET SEDUITE, POURQUOI PAS VOUS ?

samedi 31 décembre 2011

Budapest, Millenium et puis, Odön Lechner ...

A Budapest, le tournant du siècle, XIXe, correspond à un âge d'or, l'un des plus grands moments de l'histoire de la ville, le moment où elle devint une métropole dans toute l'acception du terme et où elle connu un développement fulgurant. Après la révolution et la guerre d'indépendance (1848-49) -l'anniversaire du déclenchement de la révolution, le 15 mars 1848, est l'une des trois fêtes nationales de la Hongrie- suivies quelque vingt ans plus tard par l'épisode de la résistance nationale, la ville atteignit l'apogée de son développement vers 1900.
Budapest, capitale de la Hongrie, naquit de la réunion de trois villes - Obuda (l'ancienne Buda), Buda et Pest - six ans après l'accord austro-hongrois et la création de l'empire du même nom, en 1873. Pendant cette période, sa population tripla, passant de 280.000 à 933.000 habitants, tandis que le nombre de bâtiments fut presque multiplié par deux.
En 1896, l’exposition du Millenium est organisée, pour célébrer le millénaire de la conquête  du territoire hongrois par les Magyars, mais aussi pour proposer une image nationale de la Hongrie faisant partie de l’Europe qui toujours en lutte pour sa liberté, connaît un progrès économique et industriel particulier.


A cette occasion,
la ligne du métro du Millenium est mise en service,
ainsi que le pont Ferenc József (aujourd’hui, Szabadsàg hid, pont de l’indépendance),
le Parlement néogothique (Imre Steindl (1839-1902)) est inauguré,
la grande halle centrale, Vásárcsarnok, de l’architecte académique Samu Pecz (1854-1922), ouverte
de même que le Musée des Arts Décoratifs réalisé par l’architecte Odön Lechner (1845-1914), figure de proue de l'Art nouveau hongrois.

Cette année là, commence donc l'histoire que je vais vous raconter ! Elle se déroule, dans ce blog, à Pest.

Délicieusement charmant et désuet, métal, bois et faïence, le métro M1, «Millenniumi Földalatti Vasút», la petite ligne jaune

C’était le deuxième réseau souterrain construit en Europe, après le métro londonien. Après l’échec, en 1893, d’un projet pour implanter une ligne de tram sur l’avenue Andrássy, celle, toute nouvelle qui conduisait du Danube vers l’exposition, le Directeur de la Société des tramways électriques de Budapest (BVVV) associé a la Société des transports hippomobiles de Budapest (BKVT) proposa de construire un tramway souterrain en se basant sur une idée de Siemens & Halske.


Le 2 mai 1896, un premier tronçon de 3,68 km fut inauguré. On surnomma rapidement cette ligne le « chemin de fer sous les pavés », car elle n’était qu’à 3 mètresde profondeur, ce qui est toujours le cas ! Dix trains avaient été achetés, chacun composé de deux voitures et avec une structure partiellement en bois. Ce n’est plus le cas, mais les wagons actuels gardent une allure «différente» !





Le premier tronçon de métro moderne fut mis en service en 1970, ce sont 250 000 passagers qui l’empruntaient chaque jour. Actuellement, le métro de Budapest compte trois lignes, et une quatrième est prévue.










Le pont métallique «Szabadsàg hid», sur le Danube, fut construit entre 1894 et 1896 selon les plans de János Feketeházy (1842-1927), qui avait participé à la construction de la gare de l’est la plus importante à Budapest.

Bien que radicalement différent dans sa structure, il a les grandes lignes d'un pont de type chaîne, forme considérée comme esthétiquement préférable au moment de la construction. En acier, il mesure 334 m de longueur et 20 m de largeur.



Les quatre mâts sont décorés de statues de bronze du grand oiseau Turul, ressemblant à un faucon, important dans la mythologie hongroise ancienne. Inauguré par l’empereur François Joseph, il porta alors son nom.



Du côte Buda, rive occidentale, l'hôtel Gellért (architecte Ármin Hegedüs de 1909 à 1918), ouvert en 1918, occupe un magnifique et énorme bâtiment de style Art nouveau sécession qu'il partage avec le célèbre spa Gellért.











Côte Pest se trouve la grande halle centrale : Vásárcsarnok.

Ont été construits simultanément quatre autres marchés de quartier, tous dans le même style historiciste (copie de styles anciens, les néo…).
Celui-ci, le marché de Lipotvàros, réplique plus petite de la halle centrale.











L’architecte Samu Pecz (1854-1922) était un architecte hongrois académique. L'édifice en briques rouge et orange, surmonté de deux tours latérales montre bien l'architecture industrielle du 19è siècle. Il est fascinant par ses couleurs et son immensité.
Les tuiles de Zsolnay des toits y dessinent des motifs géométriques verts et jaunes, qui font écho à ceux des briques.
La manufacture fondée en 1851 par Vilmos Zsolnay (1828-1900) à Pécs, principale ville du Sud-ouest de la Hongrie fut, en 1914, la plus importante manufacture de céramiques de l’empire austro-hongrois. La production était considérable, de l’objet de décoration ou utilitaire à l’élément architectural. On retrouve les carreaux, les cheminées, les terres cuites, les faïences de différentes couleurs et la «pyrogranite»antigel aux effets de pierre naturelle sur de nombreux bâtiments de cette époque à Budapest.

En arrivant par la rue Vàci (Vàci Utca), vous l'apercevez en face de vous, impressionnante.  

Il fut plusieurs fois modifié et consolidé, la dernière en 1991.
Il faut y pénétrer pour découvrir l’immense charpente métallique de Schlick, aciérie renommée, et les étals d’un marché.







Faites-le, ce sont trois étages de bonheur, des nourritures terrestres à emporter ou à consommer sur place, de l’artisanat ou des babioles pour les touristes !!!
















Le Parlement, éclectique et flamboyant, pastiche néo-gothique du XIXe siècle, construit, brique et pierre … et 40 kg d’or, dit-on, décoration extérieure de pierre calcaire, à partir de 1885 fut inauguré à l'occasion du millénaire de la Hongrie en 1896. L'Assemblée nationale de Hongrie s'y réunit dès 1902, mais il ne fut achevé qu'en 1904. L’architecte Imre Steindl (1839-1902) devint aveugle et mourut avant.
Il faut bien lui reconnaître, posé sur la rive orientale du Danube, une élégance certaine …

L’entrée principale officielle se trouve sur la place Kossuth Lajos, de l’autre côté.

Je me souviens, nous nous souvenons …




Le 24 octobre 1956 à 2h00 du matin, les chars soviétiques, sous les ordres du ministre de la Défense entraient dans Budapest …





Après ce rapide aperçu de quelques importants bâtiments de style historiciste (copie de styles anciens, les néo…), voici l'Art nouveau hongrois basé sur l'héritage architectural national.



Mettant à profit les liens historiques de la Hongrie avec l'Orient, l'architecte Odön Lechner (1845-1914), s'inspira d'abord de l'architecture indienne et de l'architecture syrienne, puis des créations ornementales hongroises traditionnelles, en une synthèse originale.




En 1896, voici l'Ecole et Musée des Arts Décoratifs (1893-96) Üllöi út 33-37.

C’est un bâtiment imposant couronné par une éblouissante coupole de tuiles en céramique Zsolnay vertes bordées ici et là de jaune en une combinaison ravissante.







L’Orient est très présent, la coupole et les toits aux tuiles colorées l’évoquent indubitablement,




le vestibule d’entrée du musée est orné de céramiques aux motifs orientalisants,













le spectaculaire hall d’exposition est encerclé par des arcades doubles islamiques.





















Par contre, les formes organiques, les lignes gracieuses et coulantes de l’entrée principale du musée sont typiquement Art nouveau.
En combinant des matériaux modernes, comme la brique, la céramique, le verre et le fer forgé, il a réussi à créer un bâtiment pionnier, qui, en étant de caractéristiques hongroises, ne semble rien devoir à aucun précédent historique.


Quelques années plus tard, de 1899 à 1902, Odön Lechner réalisait, en collaboration avec un de ses élèves, Gyula Pártos, la Caisse d'épargne postale, Hold útca 4. Œuvre la plus réussie ? Certainement et qui justifierait à elle seule qu’il soit considéré comme « le Gaudí de l'Europe orientale» !

Il y a une jolie «coupole» recouverte de céramique verte, derrière le pignon et deux autres plus petites aux coins de l’édifice, coiffées de drôles de «bestioles» . Cet édifice est habillé de céramiques vernissées issues de la manufacture Zsolnay (une institution, comme vous le savez, maintenant).
Le toit réalisé en majoliques est envahi de motifs floraux et d’animaux.





















La façade est ornée de mosaïques avec des motifs végétaux, d’une grande maîtrise technique et artistique. 


Les références mythologiques sont omniprésentes et reflètent l’esprit nationaliste en vogue : ainsi la tête de taureau, récemment retrouvée, fait-elle référence à la légende hongroise du trésor d’Attila.

Désespoir ! porte close ! Une banque, On ne visite pas !!!


Un connaisseur en Art Nouveau me disait que pour reconnaître ce style, il fallait regarder d'abord la porte d'entrée ...

Après une telle débauche de couleur, de courbes et contrecourbes dans les hauts, une pause s’impose !
La suite donc avec d’autres édifices Art Nouveau, d’autres architectes ...


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