Le carnet de voyage de la parisienne qui voyage, en France, en Europe et ailleurs ...
Toujours l'architecture, les sculptures contemporaines et plus anciennes ... un peu d'histoire, et la vie quoi ...
ET SI MON "POINT DE VUE" SUR CES LIEUX LOINTAINS OU PROCHES, CONNUS OU IGNORES, ANCIENS OU CONTEMPORAINS, POUVAIT VOUS SURPRENDRE, VOUS INTERESSER , VOUS RETENIR ! ILS M'ONT ATTIREE ET SEDUITE, POURQUOI PAS VOUS ?
Erreur pensez-vous ! Pas tout à fait pourtant. C’est une histoire de sculpture-fontaine que je vais vous
raconter et vous verrez … beaucoup de fougueux chevaux marins !
La municipalité de Bordeaux décide en avril 1857, sous le
second Empire (1852-1870) donc, d’organiser un concours pour la création d’une
fontaine sur la place des Quinconces. Le jeune sculpteur (23 ans) Frédéric
Bartholdi (1834-1904), le remporte avec “La Garonne et ses affluents”,
bien
avant qu’il ne s’attaque au Lion de Belfort (1875-1879),
Réplique du Lion de Belfort en cuivre martelé, place Denfert Rochereau Paris à échelle un tiers de celui en grès rouge sculpté, à même la roche, à Belfort.
ou à La Liberté (inaugurée
à New York en 1886).
Modèle en bronze placé en 1906 , au jardin du Luxembourg, Paris
“La Garonne et ses affluents”, Une femme drapée d’une toge antique et ses enfants sont
portés par un char en bronze tiré par quatre chevaux aquatiques aux naseaux
frémissants.
Le sculpteur se serait inspiré de la fontaine du bassin
d’Apollon dans le parc de Versailles
Œuvre de Jean-Baptiste Tuby dit le Romain, sculpteur
français d'origine italienne (vers 1635-1700), réalisée aux Gobelins et
finalisée en 1671, d’après un dessin de Le Brun,
elle représente le dieu sur un char tiré par quatre
chevaux, entourés de quatre tritons et quatre poissons surgissant de l'eau face
au soleil levant. A mon goût, la plus belle du parc !
Tuby est doué d'un tempérament artistique très vigoureux et apporte
en France un reflet du baroque du Bernin, tempéré par le souci de classicisme
des maîtres de Versailles.
Mais, faute de crédits suffisants, la mairie de Bordeaux ne
donne pas suite au projet. Trente ans plus tard, c’est la troisième République
(1870-1914), après la création de “la Liberté éclairant le monde” en 1886, pour
la ville de New York, la mairie de Bordeaux reprend contact avec Bartholdi au
sujet de la dite fontaine.
La statue de la Liberté de Bartholdi (1878) dans les ateliers Gaget-Gauthieroù elle fut réalisée, 25 rue de Chazelles, par Victor DARGAUD, XIX° siècle, musée Carnavalet, Paris 1884
Après plusieurs échanges, la vente est de nouveau annulée.
Le sculpteur termine néanmoins son œuvre, "Le char
triomphal de la Garonne", la fait exécuter par Gaget et Gautier, fondeurs,
et la dévoile à l’exposition universelle de Paris en 1889, celle de la Tour … Eiffel.
Son talent explose tout particulièrement dans la fougue des
montures ; crevant un mur d'eau, les chevaux semblent surgir de la Garonne
pour se jeter dans l'océan.
Des notables … lyonnais sont sous le charme et séduits. Le
maire Antoine Gailleton prend contact avec Gaget. Le 8 juillet 1890, la
municipalité donne son accord pour l'achat au prix de 100.000 F, au grand dam
de Bartholdi qui souhaitait 150.000
F ! A l'automne, il vient néanmoins à Lyon examiner les
sites susceptibles de recevoir cette fontaine monumentale.
La place des
Terreaux lui plaît ... La décision entérinée par le Conseil Municipal le 10
mars 1891, installée donc face à l'Hôtel de Ville, la sculpture “Le char de la
Liberté” est inaugurée le 22 septembre 1892.
Monumentale … La fontaine pèse 361 tonnes dont 21 tonnes de
plomb. Des feuilles de plomb reposent sur une armature en fer sur laquelle
Gustave Eiffel aurait posé sa patte, elle mesure 4,85 m de haut et 15 m de diamètre.
L’appareillage aquatique est placé dans une chambre
souterraine sous la fontaine. A partir de la “grosse colonne” de la ville jusqu’à
4 embranchements commandés par des robinets, puis d’autres qui conduisent l’eau
dans la coquille, dans la “vague” et dans les naseaux des chevaux (8 jets).
Cent ans plus tard, lors du réaménagement de la place entre
1992 et 1994, la fontaine est déplacée au Nord, face au Palais Saint-Pierre,
musée des Beaux-arts. Puis elle est classée monument historique en 1995.
Elle présentait déjà des signes de fragilité qui se sont
aggravés … En avril 2007, un nouvel expert estime que cette statue est “en
péril”.
Elle devra donc être démontée pour être transportée dans un
atelier spécialisé. Ce qui va coûter 2,5 millions d’euros ! Polémique,
polémique !
Depuis le Musée des Beaux-arts ...
Voici donc “ La Garonne ” à … Lyon !
Et pendant ce temps là … à Bordeaux, sur la place des
Quinconces, tout près de la Garonne, le monument aux Girondins …
Après
avoir envisagé plusieurs autres projets au fil des décennies de la troisième
République, la municipalité décide en
1883, de construire au centre de l'hémicycle de la place des Quinconces un
monument à la mémoire des députés du groupe des Girondins exécutés pendant la
terreur en 1792 et célébrant la République. Suite à l’échec des négociations
avec Bartholdi (1888), on y adjoindra une fontaine.
En 1893,
ce sont le statuaire Achille Dumilâtre (1844-1923), second prix au concours (organisé
en 1888) et l’architecte Victor Rich qui sont chargés de l’œuvre, avec la
collaboration de deux autres sculpteurs Félix Charpentier et Gustave Debrie.
Plusieurs
fonderies sont mobilisées, Denonvilliers à Sermaize dans la Marne,
Leblanc-Barbedienne et également Durennes à Paris, enfin les Fonderies du Val
d'Osne en Haute-Marne.
Entre 1894 et 1902 est donc érigée la colonne principale de
pierre à chapiteau corinthien, haute de 43 mètres,
en haut de
laquelle le génie de la Liberté brise ses chaînes,
et les fontaines (sans eau en hiver, jaillissante aux beaux jours) dédiées à la mémoire des députés Girondins victimes de la Terreur.
Sur le socle, toute une histoire ;
le Coq gaulois
est
encadré par l'Histoire
et l'Eloquence,
tandis qu'à l'opposé Bordeaux
domine la
Garonne et la Dordogne, qui devisent ...
Dans les bassins servant de déversoir aux fontaines
sont représentés
le triomphe de la République,
et la Concorde, avec sa branche de laurier,
deux groupes
monumentaux en bronze.
Et puis,
La Fraternité,
Le commerce et l'Industrie,
L'art et les sciences,
Le triomphe de la Concorde ou le Bonheur,
Le vice, l'ignorance et le mensonge,
L'instruction Publique,
Le Service Militaire Obligatoire,
La Force ...
Et puis ...
... de fougueux chevaux aquatiques … très aquatiques
ceux-ci … Mais de Girondins, point !
Et ça ne s’arrête pas là ! En 1942, les statues sont descellées par l'armée allemande. Les
34 statues sont retrouvées intactes à Angers et
transférées en grande pompe à Bordeaux en octobre 1944. Elles sont … abandonnées
au pied du Pont d'Aquitaine. Le Monument est reconstruit dans un hangar des quais, les
statues sont remises au goût du jour en 1968 après une véritable mobilisation
de passionnées, les socles de rocaille qui avaient étaient détruits autour de
la Colonne sont reconstruits et le monument aux Girondins est remis en place en
janvier 1983. Et le voici, inscrit aux monuments historiques le 8 juillet
2004, puis classé après approbation du Conseil municipal de la ville de
Bordeaux du 25 octobre 2010.
Chassé-croisé monumental et troublant !
Même
époque, la troisième République, même dessein et même inspiration, villes
différentes et sculpteurs différents, histoire de sculptures ... -->